Pour Bernard Pivot, le vin enchante les sens et rejoint son goût pour la littérature.
Le vin enchante la vue, l’odorat, le goût, et aussi la compagnie, si on vous lit bien !
Certainement. On n’ouvre pas une belle bouteille de vin pour celui qui ne fait pas la distinction entre un petit vin de pays et un grand bourgogne.
Boire avec quelqu’un – un vin agréable, un vin de vigneron, un vin de soif -, c’est un plaisir à partager. Je ne sais pas boire seul. Le vin est un appel à la conversation et il faut l’adapter aux gens.
Dans l’amour aussi, il faut savoir choisir le vin, il y a une stratégie de conquête à travers le vin, qui est généralement l’affaire des hommes. J’ai rarement vu une femme essayer de conquérir un homme à travers le vin, mais ça va arriver !
• Votre goût pour le vin et celui pour les livres se sont rejoints plus d’une fois !
La grande affaire de ma vie a toujours été de descendre dans le Beaujolais, le coffre de la voiture plein de livres, et de remonter à Paris, le coffre plein de bouteilles. Cela dit, les écrivains vignerons, comme Montesquieu, Lamartine, Mauriac, n’ont jamais été de grands dégustateurs.
• Qu’avez-vous dégusté pour vos 70 ans ?
Des vins exceptionnels. Un pétrus, un meursault – le dernier de la paulée de meursault, dont j’avais été lauréat en 1994 -, un cros-parantoux d’Henri Jayer et pour terminer un yqem.
• Quel est votre secret d’amateur de vin ?
Il faut user de sa cave comme de sa bibliothèque, ne pas hâter le cours des choses ni provoquer le temps en remettant à plus tard. La chanson la plus optimiste du monde, c’est celle qui proclame : “Si je meurs, je veux qu’on m’enterre dans une cave où y a du bon vin.”
Pensez qu’il faut attendre d’avoir cinquante ans et bien gagner sa vie pour s’offrir de grands crus, très onéreux… et on vous dit de patienter vingt ou trente ans de plus pour les boire ! Il y a toujours cette course extravagante entre le propriétaire âgé et sa cave, un tête-à-tête entre celui qui a soixante-dix ans et ses vins qui demandent à vieillir.
“Ai-je le temps ? Suis-je assez optimiste pour attendre avant de boire ces bouteilles auxquelles je peux régler leur affaire sur l’heure ?” Celui qui a une cave laisse de bonnes bouteilles. Le jour de ses obsèques, on pourra boire du bon vin !