Le cancer jeune adulte connait une incidence croissante. Surtout ceux qui sont associés à l’obésité. Ce nombre de cas est très révélateur pour plusieurs raisons. Premièrement, ils reflètent des changements relativement récents dans l’exposition aux facteurs de risque. Ensuite, ils fournissent des informations sur la charge de morbidité future prévue chez les personnes âgées les plus touchées par le cancer.
En raison de la pandémie d’obésité de ces 40 dernières années, les jeunes générations du monde entier sont exposées à l’obésité plus tôt et plus longtemps, au cours de leur vie, que les générations précédentes. De nombreux cancers sont associés à une surcharge pondérale. Les résultats de travaux expérimentaux suggèrent que l’obésité et un régime alimentaire graisseux. Ainsi, ils accélèrent la transition en plusieurs étapes des tissus normaux vers un néoplasie invasif et une maladie métastatique.
De nombreux néoplasies potentiellement évitables
Une étude américaine a conclu que la surcharge pondérale chez les adultes de plus de 30 ans pourrait être responsable de 60 carcinomes de l’endomètre, 36 carcinomes de la vésicule biliaire, 33 carcinomes rénaux, 17 carcinomes du pancréas et 11 myélomes multiples.
Comme la plupart des études réalisées à ce jour ont porté sur des populations plus âgées, les effets de la surcharge pondérale à un jeune âge sur le risque de cancer jeune adulte ne sont pas encore bien décrits. Toutefois, de plus en plus de preuves soutiennent l’existence d’un lien entre l’obésité chez les enfants ou les adolescents et un risque accru de divers néoplasmes.
Aussi, des études menées ces dernières années ont décrit une augmentation de l’incidence du cancer jeune adulte colorectal. Dans plusieurs pays à revenu élevé par exemple, au cours de la dernière décennie, cela pourrait être liée, au moins en partie, à l’épidémie d’obésité.
Les auteurs d’une telle étude ont ensuite élargi leurs recherches pour inclure les 30 entités tumorales les plus courantes et ont publié les résultats passionnants en février dans le Lancet Public Health.
Augmentation de l’incidence de 6 cancers liés à l’obésité
De 1995 à 2014, 14,7 millions de tumeurs invasives ont été enregistrées dans 25 registres d’État. Ils contiennent des données, sur environ, deux tiers de la population américaine. Selon un comité d’experts du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), 12 entités tumorales sont associées au facteur de risque qu’est l’obésité. Pour 6 de ces 12 cancers, l’étude montre une augmentation significative de l’incidence du cancer jeune adulte (25-49 ans) :
L’augmentation des cohortes de plus en plus jeunes a été de plus en plus forte. Par exemple, l’incidence des carcinomes rénaux a augmenté de 6,23% chez les 25-29 ans, mais de 2,95% chez les 45-49 ans.
L’incidence des types de cancer jeune adulte liés à l’obésité a également augmenté chez les adultes plus âgés (à l’exception du cancer colorectal), mais pas de façon aussi disproportionnée que chez les jeunes adultes.
Aucun développement de ce type n’a été observé dans 18 autres entités tumorales qui ne sont pas spécifiquement associées à l’obésité. Seuls 2 de ces 18 cancers ont montré une augmentation chez des adultes de plus en plus jeunes, alors que la moitié, environ des autres cancers, a montré une diminution, notamment ceux associés au tabagisme ou à l’infection par le VIH (cancer du poumon, sarcome de Kaposi).
En conclusion
Le risque de développer un néoplasie associé à l’obésité augmente donc progressivement pour des cohortes de naissance successivement plus jeunes. Cette tendance pourrait être liée à l’augmentation rapide du problème de la surcharge pondérale. Entre 1980 et 2014, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents comme aux États-Unis a augmenté de plus de 100 % (de 14,7 à 33,4 %). Pour les adultes entre 20 et 74 ans, il y a eu une augmentation de 60% (de 48,5% à 48,5%).
Dans trois contributions distinctes, l’année dernière, nous avons déjà abordé des aspects individuels, tels que l’obésité et la surconsommation chronique d’aliments de commodité et de sucre (ou de sirop de maïs, qui est caché dans de nombreux aliments). Ils peuvent favoriser le développement de malignités. Toutefois, cette étude est la première de son genre et de sa taille à analyser les tendances actuelles de l’incidence de 30 types de cancer jeune adulte, sur une base spécifique à l’âge. Il conviendrait d’examiner si des évolutions similaires ont eu lieu dans d’autres populations présentant des tendances comparables en matière d’obésité.
Il est nécessaire de mener davantage de recherches étiologiques sur les facteurs de risque modifiables à un âge précoce afin de mieux comprendre les raisons de ces nouvelles tendances. Les décideurs politiques et le système de soins de santé doivent élaborer des stratégies pour réduire la morbidité et la mortalité prématurée associées à l’obésité. À mesure que ces cohortes plus jeunes vieillissent, le fardeau futur des cancers liés à l’obésité pourrait s’aggraver. Les progrès réalisés au cours des dernières décennies en matière de réduction de la mortalité par cancer pourraient ainsi s’arrêter, voire s’inverser.