Après 50 ans, il est de plus en plus difficile de retrouver un emploi. Surtout en France, où la proportion de seniors au travail est particulièrement faible.
Plus de 50 ans : facteur de discrimination
Passé 50 ans, il ne fait vraiment pas bon indiquer sa date de naissance sur son CV. Car les préjugés ont la vie dure. Les salariés « âgés » sont globalement jugés trop chers, démotivés, dépassés, pas assez malléables, adaptables. Difficile dans ce contexte de conserver son emploi et surtout d’en retrouver un.
• Les résultats édifiants du test Adia
En avril dernier, la société de travail temporaire Adia s’est livrée à une expérience édifiante. Elle a répondu à 258 offres d’emploi en envoyant 1 086 CV de candidats fictifs : hommes ou femmes, handicapés ou non, ayant un nom d’origine maghrébine ou d’origine française, domiciliés dans un quartier à problème ou à Paris, jeunes ou âgés de plus de 50 ans, au visage disgracieux ou non.
Le résultat de l’enquête est révélateur des pratiques discriminatoires (interdites par la loi) : le candidat type (homme, la trentaine, nom français, blanc de peau et résidant à Paris, apparence standard) a reçu 75 convocations à un entretien d’embauche ; dans la même situation, la femme en a reçu 69 ; le candidat maghrébin, 14 ; la personne handicapée, 5, et le quinqua, 20. Sans commentaire.
• Taux d’emploi exceptionnellement bas
Pour beaucoup de seniors, la vie active s’achève souvent hors de l’entreprise. Quand ils ne sont pas mis à la porte sous l’accusation de faute grave dans le simple but, pour l’employeur, de minimiser les indemnités de départ. L’augmentation du nombre des contentieux et procès en droit du travail en est aujourd’hui la conséquence.
En 2002, selon l’organisation du commerce et du développement économique (OCDE), le taux d’emploi des 55-64 ans était de 34,2 % en France, contre 49,4 % dans la moyenne des vingt-neuf pays les plus développés.
• Progression biaisée
Certes, dans le rapport qu’il a présenté le 3 juin au Premier ministre, le Conseil d’orientation des retraites (COR) note que les effectifs des 55-64 ans occupant un emploi progressent de 5 points entre mars 2000 et mars 2002. Mais il s’agit seulement d’un effet de génération. Les personnes qui atteignent cette classe d’âge appartiennent aux cohortes nées après guerre, beaucoup plus nombreuses que les précédentes et qui comprennent davantage de femmes actives.