Le mode de vie occidental est-il responsable de l’augmentation du taux de cancer colorectal ? Les chercheurs s'interrogent sur l'augmentation des taux de cancer colorectal chez les moins de 50 ans dans certains pays.
Le cancer colorectal touche de plus en plus de jeunes adultes et adultes de moins de 50 ans dans un certain nombre de pays. C'est le résultat d'une étude publiée qui a été la première à enregistrer l'incidence du cancer colorectal chez les 20 à 49 ans et chez les personnes de plus de 50 ans dans le monde entier. Des données provenant de 43 pays au total ont notamment été incluses dans les résultats et les études précédentes sur ce sujet n'ont toutefois porté que sur des pays ou des régions individuelles.
Le plus fréquent en Corée du Sud, le moins de maladies en Inde
La nouvelle étude fournit maintenant une vue d'ensemble globale : selon celle-ci, le cancer colorectal est apparu en Corée du Sud chez 12,9 personnes sur 100 000 âgées de moins de 50 ans chaque année. Cela place le pays en tête des taux de maladie chez les jeunes adultes. La ville de Chennai en Inde, avec seulement 3,5 jeunes patients pour 100 000 habitants, est celle qui compte le moins de cas. L'Allemagne se situe dans la fourchette moyenne supérieure avec 7,7 patients.
Cependant, le risque que les jeunes souffrent de tumeurs du côlon est encore faible par rapport à celui des personnes âgées. La Slovaquie est en tête pour le taux de cancer colorectal chez les adultes de plus de 50 ans avec 192,5 cas pour 100 000 habitants. Chennai en Inde est la ville qui compte le moins de cas avec 27,5. Néanmoins, d’après les chercheurs, les chiffres concernant les jeunes adultes sont très inquiétants.
Les causes de cette tendance à la hausse restent encore largement floues
L'évolution en une décennie, qui a été montrée dans l'étude pour 36 pays, est particulièrement frappante. Dans 14 pays, le taux de cancer colorectal est resté stable chez les moins de 50 ans, dans trois pays il a diminué et dans 19 pays il a augmenté. Neuf de ces 19 pays - tous des pays à revenu relativement élevé - enregistrent une baisse ou une constance du nombre de cas chez les personnes âgées, alors que le nombre de cas chez les jeunes augmente, et sont à savoir : Australie, Canada, Danemark, Allemagne, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Suède, Slovénie et États-Unis.
On sait encore peu de choses sur les causes de cette tendance chez les jeunes. Les auteurs de l'étude discutent de l'évolution des modes de vie et des habitudes alimentaires car, dans de nombreux pays, les modes de vie occidentaux sont adoptés et les aliments hautement transformés et la restauration rapide se répandent de plus en plus. Des doses fréquentes d'antibiotiques aux enfants sont également suspectées, et parmi les causes discutées, l'obésité est particulièrement plausible. Néanmoins, il s'agit là aussi d'une spéculation. Pour l'instant, cependant, des hypothèses bien fondées dans tous les sens sont utiles car elles peuvent servir de base à des études complémentaires pour identifier les facteurs sous-jacents et prendre des mesures.
Le dépistage précoce du cancer du côlon pourrait contribuer au déclin
Selon les experts, le dépistage du cancer du côlon, qui est mis en place dans de nombreux pays pour les personnes âgées, joue un rôle majeur dans ce déclin. Si les examens des selles et les coloscopies sont demandés comme en France par exemple, à partir de 50 ans, peuvent détecter et éliminer les lésions précancéreuses, les cas de cancer du côlon peuvent donc être évités.
Dans la plupart des pays industrialisés, le dépistage est proposé à partir de 50 à 60 ans. La mise en place du dépistage fait toutefois l'objet de discussions intensives au niveau international. Les auteurs de l'étude actuelle recommandent donc que les patients de moins de 50 ans qui ont eu un cancer colorectal dans leur famille ou qui présentent eux-mêmes des symptômes soient dépistés par des méthodes de dépistage établies, à titre de précaution. Cette recommandation s'applique déjà officiellement dans de nombreux pays.