Bien que minoritaires, les mauvais traitements sont mieux repérés dans les établissements pour personnes âgées qu’à domicile. Les professionnels réclament des moyens financiers et humains pour combattre ce fléau.
Des chiffres inquiétants
Selon les pouvoirs publics, 700 000 à 800 000 personnes âgées seraient victimes de mauvais traitements psychologiques et physiques, de négligences ou de maltraitance financière.
Mais les drames survenus dans les institutions, aussi détestables soient-ils, ne doivent pas masquer une réalité dérangeante : 71 % des actes de malveillance surviennent dans le huis clos familial.
Moins de 6 % des personnels, soignants ou non, sont impliqués dans la maltraitance.
• Des faits plus visibles en institution qu’au domicile
« Ces faits se repèrent plus vite en établissement qu’à domicile mais la profession doit balayer devant sa porte.
Il y a des structures qui connaissent des dysfonctionnements et les actes individuels doivent être sanctionnés », constate Claudy Jarry, qui préside la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées).
D’ailleurs, la multiplication des contrôles a débouché en deux ans sur la fermeture de 117 institutions, dont 36 illégales.
• Le manque de moyens
« C’est la première cause de maltraitance », assure Claudy Jarry.
« Partout, les conditions sont réunies pour qu’apparaisse une maltraitance de lassitude. Il nous faut des infirmières et des aides soignantes ; il faut augmenter les effectifs des écoles et financer les formations », renchérit Norbert Navarro, directeur de la résidence Gautier, à Beauregard-L’Évêque, dans le Puy-de-Dôme.
• Des déclarations rassurantes, mais rien de concret
Le plan vieillissement et solidarité annoncé en novembre 2003 par Jean-Pierre Raffarin prévoit d’ici à 2007 l’ouverture de 13 000 places d’accueil temporaire, de 17 000 places de services de soins infirmiers à domicile et de 10 000 nouveaux lits médicalisés.
Ainsi que la création de 15 000 emplois dans les établissements.
• L’Etat montré du doigt
Le docteur Jean-Marie Vetel, président du Syndicat national de gérontologie clinique, ne mâche pas ses mots :
« L’État est responsable d’une situation qui peut mener à la maltraitance. Il laisse les familles s’épuiser, le plus souvent seules, aux côtés de leurs parents déments. Il ne donne pas aux établissements les moyens d’une prise en charge correcte.
On nous annonce la création de 15 000 postes sur plusieurs années, alors qu’il en faut au moins dix fois plus dès aujourd’hui. Autant éteindre un incendie avec un verre d’eau… »