Avoir la mémoire qui flanche n’est ni une fatalité, ni un symptôme annonçant le pire. Les spécialistes l’assurent : améliorer sa mémoire est possible quel que soit son âge.
J’ai le nom sur le bout de la langue…
Tout le monde a un jour été trahi par sa mémoire… Une faiblesse fréquente, parfois handicapante au quotidien.
Inutile pour autant de paniquer : la plainte résiste rarement à l’analyse scientifique. Lorsqu’on tente de mesurer l’ampleur du trouble, on s’aperçoit que la majorité des candidats aux tests médicaux obtiennent d’excellentes performances, avec un résultat au moins égal à la moyenne nationale.
Alors, tordons le cou à l’idée selon laquelle les petits oublis seraient les premiers symptômes d’une maladie cérébrale dégénérative, suivez mon regard, telle que la maladie d’Alzheimer.
Cessons également de croire que ces désagréments augmentent systématiquement au fil des années. «L’âge en lui même n’implique pas une altération de la mémoire», affirme le neuropharmacologue Hervé Allain, professeur à l’université de Rennes.
Alors, pourquoi a-t-on souvent l’impression qu’elle nous fait défaut, surtout à l’abord de la soixantaine ?
• La faute à Alzheimer ?
Nombreux sont ceux qui consultent le coeur battant, quand les troubles de la mémoire leur semblent importants, redoutant un terrible diagnostic.
Comme Jeanne, sémillante sexagénaire, visiblement soulagée de l’entretien qu’elle vient d’avoir avec son médecin. « Au moment de la retraite, j’ai vraiment cru perdre la tête. Entrer dans une pièce sans pouvoir se souvenir de ce que l’on vient y faire, cela arrive à tout le monde. Mais moi, c’était sans arrêt. Impossible d’apprendre le numéro de téléphone de mon fils après son déménagement… J’avais vraiment peur que ce soit la maladie d’Alzheimer.»
Quelques chiffres pour remettre les choses à leur place : la maladie d’Alzheimer touche 1% des personnes de 60 ans et 5% des plus de 65 ans, alors que les troubles de mémoire concernent plus de la moitié des plus de 60 ans (un chiffre qui grimpe à 80% selon certaines enquètes).
Dans le cas de la maladie, c’est moins la personne concernée que l’entourage qui prend conscience qu’il se passe quelque chose d’inquiétant : perte d’objets, gestes répétitifs, questions posées cent fois, difficultés à se repérer dans le temps et l’espace. Le rôle des spécialistes est justement de démêler ce qui est pathologique de ce qui ne l’est pas.
«Parmi les personnes qui consultent dans notre service pour des troubles de mémoire ou du comportement, 30% souffrent effectivement de maladies neurodégénératives, Alzheimer ou autres, précise le docteur Florence Mahieux, neurologue à la consultation mémoire d’Ivry. Dans 30% des cas, il s’agit de difficultés d’origine psychologique (dépression, anxiété), et, dans 20%, de troubles liés à une lésion (accident vasculaire, traumatisme crânien, etc). Les autres ne présentent aucun dysfonctionnement cérébral».
Un état dépressif, un choc émotionnel, le manque d’attention, un esprit préoccupé… sont autant d’explications aux troubles de mémoire. Car, pour bien mémoriser, il faut avant tout enregistrer correctement les informations qui nous arrivent de l’extérieur, et c’est d’autant plus difficile qu’on a l’esprit ailleurs.
«Je me plains de ma mémoire, mais, en fait, j’ai surtout l’impression d’avoir la tête pleine à craquer !» reconnaît Andrée, 72 ans, pivot de la famille, qui croule sous les problèmes cumulés de ses enfants et petits enfants.
Pour autant, toutes les plaintes doivent être entendues. «Il faut consulter dès qu’il y a un retentissement dans la vie de tous les jours, une inquiétude liée à ces troubles, conseille le Professeur Michel Poncet, neurologue à Marseille. Pour se rassurer quant à l’ampleur et à l’origine des oublis, mais aussi pour adopter la stratégie adéquate.»