Le maintien au travail des salariés âgés suppose un profond changement de mentalité de la part des entreprises. Pour l’instant, peu d’employeurs modifient leur approche de la question.
Les entreprises se sentent peu concernées
La tâche s’annonce ardue tant les entreprises semblent camper sur leurs positions. « La prise de conscience existe dans les grands groupes », explique Bernard Quintreau, auteur du premier rapport sur la question au Conseil économique et social en 2001.
Air France, Thalès, AXA, Renault, Citroën, le groupe sidérurgique Arcelor, les laboratoires Boiron sont les plus connus de ces pionniers. « Dans les petites entreprises, il ne se passe pas grand-chose et, pour beaucoup de patrons, la priorité reste l’embauche des jeunes qualifiés. »
• Le mirage des départ massifs à la retraite
Les optimistes pensent que le renversement démographique provoqué par le papy-boom va changer la donne. Les départs à la retraite massifs des générations nées après-guerre (850 000 naissances par an de 1946 à 1974, contre 600 000 pour les générations précédentes) vont se traduire par une pénurie de main-d’œuvre, débutant, selon les branches et les métiers, entre 2006 et 2010. Ce qui contraindrait les employeurs à conserver leurs salariés expérimentés.
• Une études aux résultats peu rassurants
On peut espérer que nécessité fera loi. Mais en est-on sûr ? Une enquête publiée en mars 2004 par la Cegos, un grand cabinet de conseil en ressources humaines, incite à la prudence.
22 % des sociétés, contre 1/3 un an auparavant, se déclarent prêtes à embaucher un senior. Près de la moitié des DRH interrogés (48 %) entendent profiter du départ des papy-boomers pour augmenter la productivité du travail et limiter les effectifs. Enfin, seuls 27 % – ils étaient 39 % en 2003 – seraient prêts à changer leur usage des préretraites.
La volonté gouvernementale de limiter les préretraites (par une augmentation des cotisations sociales) ne semble donc pas impressionner la majorité des entreprises.
• Facteur d’équilibre
Le COR avertit : « Aucune réforme des retraites ne sera possible si l’emploi des seniors n’est pas valorisé, si les rapports entre l’âge et le travail ne sont pas modifiés. C’est une nécessité vitale pour l’équilibre des régimes de retraite, pour un bon fonctionnement du marché du travail et, plus largement, pour la croissance économique. »