Souvent écartés des dispositifs de formation, les salariés seniors devraient y avoir plus facilement accès à l’avenir. Un pari ambitieux.
Un enjeu crucial
L’Hexagone est très en retard en matière de formation des salariés seniors. En 1998, et la situation n’a pas fondamentalement évolué, 1,5% des 35-59 ans suivait une formation en France, contre 9% en Suède, 11,6% au Royaume- Uni, 14,6% en Finlande, près de 18% au Danemark…
Après 45 ans, la formation décline fortement alors qu’en théorie elle est ouverte à tous sans distinction d’âge. Ainsi, dans les faits, 20% des quinquas y ont accès, contre 38% des moins de 30 ans.
« La plupart du temps, passé 50 ans, ils arrivent à la formation par le biais de l’ANPE. Ils pensent qu’ils ne valent plus rien, qu’ils sont incapables de se former. Il faut d’abord les rassurer », explique André Daynes, de l’Association nationale pour la formation professionnelle pour adultes (Afpa) de Clermont-Ferrand.
• Il n’y a pas d’âge pour apprendre
« On croit souvent que nos capacités d’apprentissage diminuent au fil des ans. C’est faux. Physiologiquement, nos capacités neuronales sont aussi bonnes à 60 ans qu’à 20 ou 40 ans. En revanche, à tout âge, c’est plus dur pour celui qui a perdu l’habitude d’apprendre. Mieux : il est démontré que suivre une formation professionnelle à 55 ou 58 ans améliore la qualité de vie pendant la retraite ! » affirme Serge Volkoff, ergonome et sociologue.
« Toutes les expériences prouvent qu’une formation est efficace si elle est adaptée à l’organisation de la pensée et à l’expérience du public. C’est vrai après comme avant 50 ans, confirme Jean-Claude Marquié, psychologue au CNRS à Toulouse. Qu’on soit pilote d’Airbus ou manœuvre, l’hyperspécialisation ne favorise jamais l’apprentissage. Il faut prendre conscience des changements professionnels et évoluer avec eux. »
« Les seniors qui viennent se former chez nous ont de l’expérience, ils s’intègrent très rapidement et, comme c’est souvent leur dernier emploi avant la retraite, ils sont plus fidèles à l’entreprise que les jeunes qui viennent se faire les dents… » renchérit André Daynes, de l’Afpa.
• Droit individuel à la formation et VAE
En instaurant un droit individuel de 20 heures par an pour tous les salariés, la loi sur la formation tout au long de la vie, adoptée début mars, devrait inverser cette tendance funeste. Enfin, la valorisation des acquis de l’expérience (VAE), dispositif novateur, devrait permettre aux quadras et quinquas de révéler leur potentiel.
Axa France – dont 30% des 17 000 salariés ont plus de 50 ans – forme actuellement via la VAE une première vague d’une trentaine de candidats qui vont ainsi obtenir un diplôme de bac + 2 (BTS) à bac + 5 (DESS). Cinq ont déjà décroché le précieux sésame. « Cela va permettre de faire évoluer les gens », explique le directeur des ressources humaines, Cyrille de Montgolfier.
« L’entreprise a été totalement réorganisée en 2002. L’accord conclu avec les syndicats stipule que chacun y trouvera sa place, indépendamment de son âge. Cela implique un effort de mobilité et de formation pour toutes les catégories. Dans un métier d’expertise, l’expérience est un atout », conclut-il.