Pour le sociologue Xavier Gaullier, spécialiste du travail et des temps de vie, adapter les fins de carrière des seniors demandera du temps.
L’emploi des seniors va-t-il progresser dans les prochaines années ?
«On nous dit qu’à partir de 2006, en raison du choc démographique, les entreprises auront besoin de main-d’uvre et maintiendront dans l’emploi les salariés âgés.
Hélas le marché du travail ne fonctionne pas de façon mécanique… Mais cela facilitera, dans certains cas, le maintien au travail des seniors. Surtout des gens formés.
On va donc avoir une diversité très grande de l’emploi entre 50 et 65 ans : certains resteront plus longtemps dans l’entreprise, d’autres seront dehors avec les problèmes de chômage, et un certain nombre, surtout si l’emploi s’améliore, travailleront un peu plus longtemps.
Il y aura des inégalités très fortes entre les gens. Ce qui existe dans beaucoup de pays, notamment anglo-saxons.
• Les entreprises vont-elles jouer le jeu ?
Certaines entreprises font des efforts pour garder leurs salariés âgés. Elles les forment, adaptent les conditions de travail, organisent des fins de vie professionnelle avec du temps partiel, etc.
Mais cela ne résoudra pas le problème de l’ensemble des actifs entre 50 et 65 ans. Car la date fixée par François Fillon pour améliorer le taux d’emploi des seniors est proche : 2008 !
• Comment améliorer la situation des salariés âgés ?
Si l’on modifie les formations ou les conditions de travail dans une entreprise, l’effet se fait sentir à moyen terme, pas à court terme.
Si l’on veut changer la situation des salariés âgés, il faut revoir le déroulement de l’ensemble des carrières et pas simplement les dernières années.
Cela implique une réflexion sur les secondes parties des parcours professionnels, à partir de 40-45 ans. Or, les études du ministère du Travail montrent que la majorité des entreprises ne s’intéressent pas au problème.
Enfin, pour la première fois, on leur dit que, si elles ne changent pas d’attitude, les cotisations augmenteront !